1 - Notions de territoire économique, de résidence et du centre d’intérêt
2 - Flux, opérations, secteurs institutionnels et branches
3 - Système d’évaluation
4 - Comptes et tableaux de synthèse
5 - Partage des valeurs en volume et prix
6 - Principaux agrégats
4 - Comptes et tableaux de synthèse
4.1 - Comptes des secteurs institutionnels
Les comptes des secteurs institutionnels se présentent sous forme d’une séquence complète et cohérente des comptes. Ceux-ci permettent de présenter de manière synthétique tous les flux liés à l’activité de chacun de ces secteurs (ou sous secteurs) et la situation de leur patrimoine au début et en fin de l’exercice comptable. Pour des raisons informationnelles, les comptes nationaux marocains ne prennent pas actuellement en compte le volet relatif au patrimoine et les flux autres que les flux économiques.
Ces comptes se présentent comme suit :
Le compte de production retrace en ressources la production et en emplois la consommation intermédiaire. Le solde est la valeur ajoutée.
Le compte d’exploitation retrace le partage de la valeur ajourée selon la rémunération des facteurs de production et les impôts nets des subventions liés à l’activité de production.
Le compte d’affectation des revenus primaires décrit la façon dont se forment les revenus primaires. Il a pour solde le « solde des revenus primaires ». A la différence du compte d’exploitation, ce compte et les comptes de distribution suivants mettent l’accent sur les secteurs institutionnels en tant que bénéficiaires de revenus (ici revenus primaires) plutôt qu’en tant que producteurs. Ce compte enregistre, en plus des revenus liés directement à la production, les revenus de propriété qu’ils perçoivent et qu’ils versent.
Le compte de distribution secondaire du revenu décrit comment le solde des revenus primaires de chaque secteur se transforme en revenu disponible. Le solde du compte est donc le revenu disponible qui constitue l’étape finale de la distribution des revenus.
Le compte de redistribution du revenu en nature et les comptes d’utilisation du revenu : le premier compte montre comment le revenu disponible est transformé en revenu disponible ajusté, tandis que les seconds comptes décrivent comment le revenu disponible est réparti entre dépenses de consommation finale et épargne.
Le compte de capital décrit comment l’épargne et les transferts en capital sont utilisés pour la formation du capital. Si son solde est positif, le secteur concerné dispose d’une capacité de financement ; s’il est négatif, le secteur a un besoin de financement.
Le compte financier enregistre les opérations financières. Il décrit, par type d’instruments financiers, les variations d’actifs financiers et de passifs qui composent la capacité ou le besoin de financement.
Le compte du reste du monde suit pour l’essentiel la structure comptable générale, mais il s’en écarte tout de même légèrement pour que l’accent puisse être mis sur les caractéristiques propres aux opérations avec l’extérieur. Il est établi du point de vue de l’extérieur. Une ressource pour le reste du monde est donc un emploi pour la nation et réciproquement. Si un solde comptable est positif, cela signifie un excédent pour le reste du monde et un déficit pour la nation, et inversement si le solde est négatif.
Pour l’analyse des flux intervenant dans le processus de production, le SCN 1993 opte pour les établissements groupés en branches d’activité. La classification de ces établissements est effectuée selon leurs activités principales et les comptes de branches sont établis pour chaque poste de la nomenclature d’activité retenue de telle sorte que la séquence des comptes de chaque branche se limite aux comptes de production et d’exploitation.
Cependant, dans la pratique les unités statistiques de base correspondent en général aux entreprises et non pas aux établissements ce qui fait que l’analyse n’est effectuée par branche qu’en partie, et les comptes de production et d’exploitation sont établis par secteurs d’activité (entreprises classées selon l’activité principale). Par abus de langage, les secteurs d’activité sont aussi appelés branches.
4.3 - Comptes de biens et services
Les comptes de biens et services (ou équilibres ressources emplois : ERE) consistent à établir l’équilibre ex-post réalisé sur le marché pour chaque produit ou groupe de produits ainsi que pour l’économie totale. Ils sont construits pour chacune des positions de la nomenclature des produits de la comptabilité nationale en valeur courante et en volume.
Pour chaque position de la nomenclature de produits retenue, l’ERE fournit d’un côté les ressources (disponibilités des produits à l’intérieur du territoire économique du pays) du produit ou groupe de produits concerné et de l’autre les emplois (utilisations de ces produits) réalisés au cours de la période comptable.
4.4 - Tableaux de synthèse et matrice de comptabilité sociale
4.4.1 - Tableau des ressources et des emplois (TRE)
Le TRE occupe une place privilégiée pour l’analyse de la sphère de production et des relations entre l’offre et la demande par produit. Ce tableau est utilisé, en outre, comme instrument de l’intégration de toutes les sources statistiques disponibles. Il permet, en particulier, d’assurer la cohérence des trois approches possibles pour le calcul de l’agrégat central qu’est le PIB. Il est construit, à l’instar des ERE et des comptes de branches, en valeur courante et en volume sauf la partie relative au partage de la valeur ajoutée.
Le TRE rassemble dans un même cadre comptable les comptes de biens et services par produit et les comptes de branches. Il fournit en plus, pour chaque branche, la ventilation de la production effective par produit (produit principal et produits secondaires) et de la consommation intermédiaire par produit.
Il se décompose en deux sous tableaux : le tableau des ressources et le tableau des emplois. Le second sous tableau est décomposé en trois quadrants :
matrice de la consommation intermédiaire ventilée par branche et par produit ;
matrice de la demande finale répartie par catégories et par produits ;
compte d’exploitation par branche.
4.4.2 - Tableau des comptes économiques intégrés (TCEI)
Le TCEI récapitule tous les comptes nationaux des secteurs institutionnels, de l’économie totale (l’ensemble de l’économie nationale) et du reste du monde. Il permet d’avoir une vision synthétique de l’ensemble des comptes de l’économie au cours d’une année, offrant ainsi la structure de base pour, entre autres, réaliser des analyses économiques d’une manière combinée et intégrée et la lecture directe des agrégats économiques.
Le TCEI est construit en valeur courante et se décompose en une succession de lignes et de colonnes. Les lignes font apparaître les différentes catégories d’opérations (opérations sur biens et services, opérations de répartition et opérations financières) suivant la structure utilisée dans la séquence des comptes des secteurs institutionnels, du reste du monde et de l’économie totale (agrégation des comptes à l’ensemble de l’économie nationale). Les colonnes se rapportent aux secteurs institutionnels, au reste du monde et à l’économie totale ainsi qu’aux biens et services.
4.4.3 - Tableau des opérations financières (TOF)
Le TOF résulte de l'agrégation des comptes financiers des secteurs institutionnels. Il a pour objet de retracer l'ensemble des opérations financières afin de faire ressortir les équilibres par opération. Il permet également de faire apparaître les différents flux et circuits financiers en passant de la création à la collecte puis à la mise en œuvre des moyens de financement nécessaires à l'économie. Ce tableau fournit ainsi des renseignements sur le comportement financier des différents secteurs et décrit comment la capacité e financement des agents économiques (ayant un excédent de financement) est mise à la disposition des agents déficitaires (ayant un besoin de financement). Le TOF est donc un tableau de synthèse cohérent qui reprend les secteurs institutionnels en colonne et les opérations en ligne.
4.4.4 - Matrice de comptabilité sociale (MCS)
La matrice de comptabilité sociale est une méthode d’organisation de l’information contenue dans les comptes nationaux. Sa forme usuelle est la présentation de ces comptes sous une forme matricielle qui développe les interactions entre le tableau des ressources et des emplois et les comptes des secteurs institutionnels. Elle permet d’analyser les relations entre les caractéristiques structurelles d’une économie et la distribution du revenu et es dépenses entre les secteurs et sous-secteurs institutionnels.
La MCS , comme instrument comptable, est utilisée à des fins de modélisation, particulièrement celle d’équilibre général. A ce niveau, il faut noter que sa structure dépend de la problématique étudiée. Les matrices disponibles ont été élaborées selon les nomenclatures standard des comptes nationaux.
La matrice de comptabilité sociale se présente sous la forme d’un tableau à double entrée où, pour une année donnée, sont enregistrés les flux comptables (ou les transactions des recettes et des dépenses de l’économie étudiée). Les lignes désignent les ressources et les colonnes les emplois.
Dans une matrice agrégée de comptabilité sociale, les deux premiers comptes, à savoir le compte de biens et services et le compte de production, constituent une version agrégée du tableau des ressources et des emplois, dont les lignes et les colonnes des ressources et des emplois ont été transposées.