La quasi-stagnation des prix à la consommation n'est pas toujours une bonne nouvelle pour l'économie. La banque centrale vise une inflation autour de 2% chaque année, mais n'a toujours pas réussi à atteindre sa cible
Huit ménages sur 10 interrogés par le HCP relèvent une augmentation des prix des produits alimentaires en 2019 et ils sont tout aussi nombreux à anticiper une poursuite de la hausse au cours des douze prochains mois. En réalité, les prix alimentaires ont baissé de 0,5% en 2019 selon le HCP qui vient de publier l'indice des prix à la consommation. L'inflation a été de 0,2% en moyenne en 2019.
Le baromètre qui reflète la tendance réelle des prix (inflation sous-jacente), lui, a enregistré une hausse de 1%. Ces chiffres sont décalés du ressenti des ménages. Le Centre marocain de conjoncture a d'ailleurs interpellé le HCP sur cet écart (cf. www.leconomiste.com n° 5603 du 30 septembre 2019) .
La quasi-stagnation des prix à la consommation n'est pas toujours une bonne nouvelle pour l'économie. La Banque centrale vise une inflation autour de 2% chaque année, mais n'a pas toujours réussi à atteindre sa cible. En moyenne, les prix à la consommation ont augmenté de 1,1% sur les dix dernières années avec un plus bas de 0,2% enregistré en 2019. L'inflation sous-jacente a progressé dans les mêmes proportions sur la même période.
L'effet positif de la baisse des prix sur le pouvoir d'achat est vite balayé par la stagnation des salaires, les entreprises ajustant leur politique. Une inflation basse signifie que l'économie manque de vigueur et pour beaucoup d'économistes, elle priverait les pouvoirs publics de marge de manœuvre pour stimuler l'activité et faire reculer le chômage. En outre, cela peut contrarier la politique budgétaire en raison des répercussions sur les recettes fiscales.
L'effet est direct sur la TVA. L'impôt sur le revenu est sensible à une inflation basse si les hausses des salaires sont gelées ou en cas de destruction d'emplois. La focalisation de la mission de la Banque centrale sur le seul objectif de la stabilité des prix est aujourd'hui contestée.
Les tenants de l'«autre politique» se font plus bruyants. Même en Europe où la BCE a cloné les missions de l'ex-Bundesbank, Christine Lagarde, sa présidente s'interroge à haute voix. Elle tenait hier une conférence de presse consacrée à ce sujet.
Par rubrique, les prix dans l'enseignement continuent d'augmenter nettement plus vite que la moyenne générale avec une hausse de 3,1% en 2019. Elle est plus marquée pour les boissons alcoolisées et le tabac (+15,1%), mais l'incidence sur la moyenne générale est faible en raison de la pondération dans le panier.
L'année dernière, les prix à la consommation ont progressé de 1,2% à Fès, de 1% à Settat et 0,7% à Casablanca. Ils ont en revanche diminué de 0,3% à Oujda et n'ont pas bougé à Agadir et à Marrakech.