Depuis le début de l’année, le taux de croissance du PIB en 2009 a été revu à la baisse plusieurs fois. A la lumière des données du premier trimestre écoulé et des prévisions de campagne agricole. Sur quelle évolution le Maroc peut-il raisonnablement compter ?
Au mois de janvier, nous avions prévu une croissance de 6,7% en 2009. Depuis, nous avons assisté à une avalanche de prévisions qui n’ont cessé de raboter ce taux pour le réduire à 5, 4, voire 2%. Tout se passe comme si, devant le spectre de la crise, le pire était synonyme d’analyse sérieuse. En fait, nos analyses et nos prévisions économiques se basent sur les résultats des enquêtes qualitatives de conjoncture, des enquêtes quantitatives permanentes sur la production, l’emploi et les prix ainsi que sur les données des comptes nationaux trimestriels. A la lumière de ces données, le PIB agricole devrait être révisé à la hausse et celui des activités non agricoles, légèrement à la baisse, quoique d’une manière différenciée selon les secteurs. A l’heure actuelle, il est plus raisonnable de tabler sur un taux de croissance aux alentours de 6%.
Quelles sont les activités dont le PIB évoluera d’une manière négative et quelle serait l’ampleur de la baisse?
Nos enquêtes de conjoncture se prévalent d’une accumulation d’expériences spécifiques en matière de connaissance des réalités économiques, de techniques de collecte éprouvées, ainsi que de méthodes d’analyse et de modélisation appropriées. Elles nous ont permis, dès le quatrième trimestre 2007, d’attirer l’attention sur le point d’inflexion de la croissance, puis d’annoncer, tout au long de l’année 2008, que nous étions là devant une véritable tendance, cela a été confirmé par les résultats des comptes nationaux trimestriels. S’agissant du premier semestre 2009, la croissance du PIB non agricole devrait subir un ralentissement à la fois en raison des ajustements mécaniques dus aux niveaux relativement élevés qu’il a connus en 2008 et aux effets de la conjoncture internationale appelée à se dégrader. Ce ralentissement devrait toucher en particulier les mines, l’industrie et les activités liées au tourisme.
A contrario quels sont les secteurs qui devraient le plus tirer l’économie à la hausse ?
Incontestablement l’agriculture mais aussi les secteurs appelés à bénéficier des retombées de la croissance agricole, de l’expansion de la demande intérieure soutenue en particulier par les investissements publics. Il s’agit notamment du BTP, du commerce, de quelques activités de services et probablement aussi de l’énergie. La note de conjoncture du mois d’avril devrait apporter plus de précisions.
Forums, études, publications…Pas une semaine ne passe sans que l’on n’entend parler du HCP qui semble avoir substantiellement augmenté son rythme de travail au cours des quatre dernières années…. Pourquoi cette frénésie ?
Il y a toujours urgence à disposer de tous les indicateurs socio-économiques et des outils d’analyse et d’évaluation nécessaires à une politique cohérente de croissance et de développement humain. Le HCP, de par ses attributions, a dû se mettre en mesure d’assumer cette mission. Celle-ci requiert des travaux lourds en termes d’investissement matériel et humain et s’inscrit dans des durées longues et des démarches constantes d’appropriation d’expertises de plus en plus complexes. Aujourd’hui, la comptabilité nationale se devait de se conformer à l’évolution, au plan international, des concepts, des méthodes de comptabilisation et d’être au niveau de nos partenaires extérieurs, européens notamment en changeant d’année de base tous les 5 ans.
Aujourd’hui, nous sommes en mesure de fournir trimestriellement des comptes provisoires et annuellement des comptes consolidés de la nation ainsi qu’une série de comptes d’agents, de tableaux de synthèse et de comptes satellite. Nous disposons ainsi, d’une série de comptes de base 1998 couvrant la période 1998-2007 et d’une série rétropolée pour la période 1990-1997. Par ailleurs, des travaux sont en cours pour passer à 2006 comme année de base au lieu de 1998 et ce, conformément au nouveau Système de comptabilité nationale de 2008 adopté par les Nations Unies en février dernier. Tous ces travaux permettent de mieux connaître les activités de production des différents secteurs et agents économiques, les sources de la richesse nationale créée, sa répartition et ses différentes affectations.
Ces avancées nous ont fourni une base statistique pertinente pour les opérations de simulation de l’impact des politiques publiques aussi bien sur la croissance économique et les équilibres fondamentaux que sur la pauvreté et les inégalités. Mobilisant à cet effet un modèle calculable d’équilibre général en microsimulation, ces opérations ont nécessité une connaissance aussi précise que possible des revenus et des niveaux de vie des ménages ainsi que de la structure des activités de production aussi bien dans les secteurs formels qu’informels. C’est là l’objet des enquêtes réalisées sur les revenus et les niveaux de vie des ménages, sur les structures économiques et sur le secteur informel.
Vous voyez donc l’envergure des travaux menés et leur grand apport à l’analyse et aux politiques économiques et sociales de notre pays.
Il y a certainement une logique d’ensemble derrière cette succession d’études et de publications. Quelle est cette logique ?
Il y a, d’abord, un potentiel humain d’expertises et de volonté de bien faire disponible au HCP qu’il convenait de mobiliser et une large diffusion de l’information économique à prendre en charge. Il y a, surtout, une politique de croissance économique et de développement humain, telle qu’elle s’exprime dans les orientations et les engagements de Sa Majesté, qui pourrait bénéficier dans sa mise en œuvre d’un cadre cohérent où s’intègrent la gestion macroéconomique, les politiques sectorielles et les mécanismes de redistribution. Nous pouvons dire que les études et enquêtes menées aujourd’hui par le HCP occupent une place centrale dans la contribution des différentes institutions nationales à l’édification de ce cadre de mise en cohérence des politiques nationales. Elles sont du reste largement utilisées par le gouvernement, Bank Al Maghrib, les organismes internationaux, les partenaires extérieurs et, malheureusement, à un moindre degré par le secteur privé.
Cette contribution est renforcée par une réflexion prospective sur le Maroc à l’horizon 2030 comme un outil d’éclairage des enjeux et des défis que notre pays affronte ou doit affronter dans l’avenir, et ce, en vue d’une appropriation collective des réformes dont une vision à court terme occulte souvent l’impératif catégorique.
Nous avons ainsi réalisé plusieurs enquêtes et études à caractère général ou spécifique et organisé plusieurs forums de débats avec la participation d’experts nationaux et internationaux qui nous ont permis d’élaborer les scénarios globaux ou sectoriels exploratoires ou souhaitables du Maroc de demain. Les scénarios relatifs aux secteurs de l’énergie, de l’agriculture et du tourisme ont déjà largement contribué, comme vous pouvez le constater, à quelques stratégies nationales. Les scénarios globaux seront bientôt soumis aux débats et fourniraient, nous l’espérons, des éléments d’éventuelles planifications stratégiques à la disposition de notre pays.
Le HCP s’apprête à livrer ses conclusions quant à l’évaluation de la classe moyenne. Quelles premières impressions peut-on en tirer face à ceux qui n’arrêtent pas de dire que la classe moyenne n’existe pas au Maroc ?
Pendant longtemps, la classe moyenne a été soumise à une définition à caractère idéologique avant de faire l’objet d’études sociologiques ciblées. Son étude a continué à en subir le flou méthodologique. Ceci conduit souvent à la poser d’abord comme une représentation abstraite qu’on va chercher à plaquer sur le réel. En fait, ce qui domine, aujourd’hui, dans les études les plus récentes, c’est une définition qui part d’une société concrète et se base sur deux critères : le critère subjectif par lequel une partie de la population s’identifie elle-même à cette classe et le critère objectif par lequel la classe moyenne est identifiée par référence aux revenus et aux niveaux de vie.
Nous avons, dans l’étude que nous lui consacrons, adopté l’une et l’autre approches pour en délimiter les contours, en déterminer le poids démographique, la part dans l’activité et la richesse nationales, ainsi que les caractéristiques sociologiques et culturelles. Grace aux enquêtes réalisées en 1985, 2001 et 2007 sur les niveaux de vie et les dépenses de consommation des ménages, nous avons pu analyser l’évolution de ses caractéristiques et dégager quelques-uns des facteurs à l’origine de son évolution.
Les études, par ailleurs, que nous avons réalisées sur l’inégalité, la pauvreté et les facteurs de leur reproduction ou de leur réduction permettront, avec la simulation de l’impact des politiques publiques sur ces phénomènes, de disposer de tous les ingrédients pour une gestion plus conforme aux objectifs du développement humain durable dont l’initiative nationale de développement humain constitue l’axe central.
Au mois de janvier, nous avions prévu une croissance de 6,7% en 2009. Depuis, nous avons assisté à une avalanche de prévisions qui n’ont cessé de raboter ce taux pour le réduire à 5, 4, voire 2%. Tout se passe comme si, devant le spectre de la crise, le pire était synonyme d’analyse sérieuse. En fait, nos analyses et nos prévisions économiques se basent sur les résultats des enquêtes qualitatives de conjoncture, des enquêtes quantitatives permanentes sur la production, l’emploi et les prix ainsi que sur les données des comptes nationaux trimestriels. A la lumière de ces données, le PIB agricole devrait être révisé à la hausse et celui des activités non agricoles, légèrement à la baisse, quoique d’une manière différenciée selon les secteurs. A l’heure actuelle, il est plus raisonnable de tabler sur un taux de croissance aux alentours de 6%.
Quelles sont les activités dont le PIB évoluera d’une manière négative et quelle serait l’ampleur de la baisse?
Nos enquêtes de conjoncture se prévalent d’une accumulation d’expériences spécifiques en matière de connaissance des réalités économiques, de techniques de collecte éprouvées, ainsi que de méthodes d’analyse et de modélisation appropriées. Elles nous ont permis, dès le quatrième trimestre 2007, d’attirer l’attention sur le point d’inflexion de la croissance, puis d’annoncer, tout au long de l’année 2008, que nous étions là devant une véritable tendance, cela a été confirmé par les résultats des comptes nationaux trimestriels. S’agissant du premier semestre 2009, la croissance du PIB non agricole devrait subir un ralentissement à la fois en raison des ajustements mécaniques dus aux niveaux relativement élevés qu’il a connus en 2008 et aux effets de la conjoncture internationale appelée à se dégrader. Ce ralentissement devrait toucher en particulier les mines, l’industrie et les activités liées au tourisme.
A contrario quels sont les secteurs qui devraient le plus tirer l’économie à la hausse ?
Incontestablement l’agriculture mais aussi les secteurs appelés à bénéficier des retombées de la croissance agricole, de l’expansion de la demande intérieure soutenue en particulier par les investissements publics. Il s’agit notamment du BTP, du commerce, de quelques activités de services et probablement aussi de l’énergie. La note de conjoncture du mois d’avril devrait apporter plus de précisions.
Forums, études, publications…Pas une semaine ne passe sans que l’on n’entend parler du HCP qui semble avoir substantiellement augmenté son rythme de travail au cours des quatre dernières années…. Pourquoi cette frénésie ?
Il y a toujours urgence à disposer de tous les indicateurs socio-économiques et des outils d’analyse et d’évaluation nécessaires à une politique cohérente de croissance et de développement humain. Le HCP, de par ses attributions, a dû se mettre en mesure d’assumer cette mission. Celle-ci requiert des travaux lourds en termes d’investissement matériel et humain et s’inscrit dans des durées longues et des démarches constantes d’appropriation d’expertises de plus en plus complexes. Aujourd’hui, la comptabilité nationale se devait de se conformer à l’évolution, au plan international, des concepts, des méthodes de comptabilisation et d’être au niveau de nos partenaires extérieurs, européens notamment en changeant d’année de base tous les 5 ans.
Aujourd’hui, nous sommes en mesure de fournir trimestriellement des comptes provisoires et annuellement des comptes consolidés de la nation ainsi qu’une série de comptes d’agents, de tableaux de synthèse et de comptes satellite. Nous disposons ainsi, d’une série de comptes de base 1998 couvrant la période 1998-2007 et d’une série rétropolée pour la période 1990-1997. Par ailleurs, des travaux sont en cours pour passer à 2006 comme année de base au lieu de 1998 et ce, conformément au nouveau Système de comptabilité nationale de 2008 adopté par les Nations Unies en février dernier. Tous ces travaux permettent de mieux connaître les activités de production des différents secteurs et agents économiques, les sources de la richesse nationale créée, sa répartition et ses différentes affectations.
Ces avancées nous ont fourni une base statistique pertinente pour les opérations de simulation de l’impact des politiques publiques aussi bien sur la croissance économique et les équilibres fondamentaux que sur la pauvreté et les inégalités. Mobilisant à cet effet un modèle calculable d’équilibre général en microsimulation, ces opérations ont nécessité une connaissance aussi précise que possible des revenus et des niveaux de vie des ménages ainsi que de la structure des activités de production aussi bien dans les secteurs formels qu’informels. C’est là l’objet des enquêtes réalisées sur les revenus et les niveaux de vie des ménages, sur les structures économiques et sur le secteur informel.
Vous voyez donc l’envergure des travaux menés et leur grand apport à l’analyse et aux politiques économiques et sociales de notre pays.
Il y a certainement une logique d’ensemble derrière cette succession d’études et de publications. Quelle est cette logique ?
Il y a, d’abord, un potentiel humain d’expertises et de volonté de bien faire disponible au HCP qu’il convenait de mobiliser et une large diffusion de l’information économique à prendre en charge. Il y a, surtout, une politique de croissance économique et de développement humain, telle qu’elle s’exprime dans les orientations et les engagements de Sa Majesté, qui pourrait bénéficier dans sa mise en œuvre d’un cadre cohérent où s’intègrent la gestion macroéconomique, les politiques sectorielles et les mécanismes de redistribution. Nous pouvons dire que les études et enquêtes menées aujourd’hui par le HCP occupent une place centrale dans la contribution des différentes institutions nationales à l’édification de ce cadre de mise en cohérence des politiques nationales. Elles sont du reste largement utilisées par le gouvernement, Bank Al Maghrib, les organismes internationaux, les partenaires extérieurs et, malheureusement, à un moindre degré par le secteur privé.
Cette contribution est renforcée par une réflexion prospective sur le Maroc à l’horizon 2030 comme un outil d’éclairage des enjeux et des défis que notre pays affronte ou doit affronter dans l’avenir, et ce, en vue d’une appropriation collective des réformes dont une vision à court terme occulte souvent l’impératif catégorique.
Nous avons ainsi réalisé plusieurs enquêtes et études à caractère général ou spécifique et organisé plusieurs forums de débats avec la participation d’experts nationaux et internationaux qui nous ont permis d’élaborer les scénarios globaux ou sectoriels exploratoires ou souhaitables du Maroc de demain. Les scénarios relatifs aux secteurs de l’énergie, de l’agriculture et du tourisme ont déjà largement contribué, comme vous pouvez le constater, à quelques stratégies nationales. Les scénarios globaux seront bientôt soumis aux débats et fourniraient, nous l’espérons, des éléments d’éventuelles planifications stratégiques à la disposition de notre pays.
Le HCP s’apprête à livrer ses conclusions quant à l’évaluation de la classe moyenne. Quelles premières impressions peut-on en tirer face à ceux qui n’arrêtent pas de dire que la classe moyenne n’existe pas au Maroc ?
Pendant longtemps, la classe moyenne a été soumise à une définition à caractère idéologique avant de faire l’objet d’études sociologiques ciblées. Son étude a continué à en subir le flou méthodologique. Ceci conduit souvent à la poser d’abord comme une représentation abstraite qu’on va chercher à plaquer sur le réel. En fait, ce qui domine, aujourd’hui, dans les études les plus récentes, c’est une définition qui part d’une société concrète et se base sur deux critères : le critère subjectif par lequel une partie de la population s’identifie elle-même à cette classe et le critère objectif par lequel la classe moyenne est identifiée par référence aux revenus et aux niveaux de vie.
Nous avons, dans l’étude que nous lui consacrons, adopté l’une et l’autre approches pour en délimiter les contours, en déterminer le poids démographique, la part dans l’activité et la richesse nationales, ainsi que les caractéristiques sociologiques et culturelles. Grace aux enquêtes réalisées en 1985, 2001 et 2007 sur les niveaux de vie et les dépenses de consommation des ménages, nous avons pu analyser l’évolution de ses caractéristiques et dégager quelques-uns des facteurs à l’origine de son évolution.
Les études, par ailleurs, que nous avons réalisées sur l’inégalité, la pauvreté et les facteurs de leur reproduction ou de leur réduction permettront, avec la simulation de l’impact des politiques publiques sur ces phénomènes, de disposer de tous les ingrédients pour une gestion plus conforme aux objectifs du développement humain durable dont l’initiative nationale de développement humain constitue l’axe central.