L’Economiste: Comment se présentent selon vous les perspectives pour 2009?
- Ahmed Lahlimi Alami: Globalement, la situation en 2009 sera dominée par la conjoncture morose de la crise internationale et une baisse de la demande extérieure adressée à notre pays. Cette crise n’aura pas que des conséquences négatives puisqu’elle aura également pour effet une baisse au niveau des prix des produits énergétiques et des produits alimentaires, chose qui reste globalement favorable pour le pays. Il ne faut pas oublier que la part de l’agriculture dans la croissance reste très importante puisque les activités non agricoles, qui ont connu une moyenne de croissance de 5% en 2008, seront de l’ordre de seulement 3,5% en 2009. La détérioration du compte courant de la balance de paiement, qui était excédentaire jusqu’en 2007, a connu pour sa part un déficit de 4% en 2008. Ce dernier devra encore se creuser pour passer à 5,7% en 2009.
- Au vu de la conjoncture, le taux de croissance pourrait-il connaître des évolutions différentes par rapport à vos estimations?
- C’est essentiellement le secteur agricole, l’investissement public et la demande intérieure dynamique qui vont soutenir la croissance. Actuellement, nous prévoyons une croissance de 6,7% en 2009 contre 5,8 en 2008. A partir de juin 2009, nous allons cependant procéder à une réévaluation de nos estimations en fonction des évolutions.
- Concernant les taux directeurs, pensez-vous qu’il était judicieux de la part de Bank Al Maghrib de les augmenter?
- La gestion du secteur financier et du marché monétaire a été bien suivie par la Banque centrale. Jusqu’à présent, les besoins du secteur économique et ceux des ménages ont été suffisamment couverts par notre système financier. La politique budgétaire a permis un bon financement des dépenses. Notre inflation reste maîtrisée. Après avoir été de 3%, elle sera de l’ordre de 2% en 2009. Il existe une veille de la part de Bank Al-Maghrib pour que les besoins de financement de notre pays soient assurés, dans un contexte de surveillance de l’évolution des prix et de «containment» de l’inflation.