La Nouvelle Tribune : Avant d’aborder l’année 2011, et ses perspectives, qu’en est-il du bilan de l’année économique 2010 ?
M. Ahmed Lahlimi : L’économie nationale a progressé de 3,3 % en 2010 après avoir connu une croissance de l’ordre de 4,9 %, en 2009. Les activités non agricoles ont réalisé un taux d’accroissement de près de 5 % après un net ralentissement en 2009, avec une croissance de 1,3 %. Ce résultat a largement compensé la baisse de 7,1 % de la valeur ajoutée du secteur primaire par rapport à ses performances exceptionnelles de 2009.
Il faut savoir que les composantes du PIB auront été marquées par un net recul de la contribution de la demande intérieure, estimée à 1,4 point de croissance au lieu de 7,2 points en moyenne sur la période 2006 / 2010. C’est notamment dû au ralentissement de la consommation finale des administrations publiques et à la légère baisse de la variation des stocks. Quant à la demande extérieure, elle a contribué à la croissance du PIB avec + 1,9 % contre – 1,3 %, en 2009. La performance du commerce extérieur est attribuable à une hausse exceptionnelle des exportations des marchandises d’environ 29 %, en valeur, associée à une légère croissance des importations de marchandises en 2010 (13 %).
Ces tendances lourdes vont-elles se poursuivre en 2011 ?
Sur la base des données dont nous disposons, y compris sur l’environnement international, l’économie nationale devrait s’accroître globalement de 4,6 % en 2011 au lieu de 3,3 % en 2010. Avec un scénario de production céréalière d’environ 90 millions de quintaux pour la campagne agricole 2010 / 2011, la croissance nationale devrait gagner 0,5 point pour se situer à environ 5,1 %. En restant dans le scénario d’une croissance économique nationale de 4,6 %, la demande finale intérieure devrait contribuer pour 4,6 points à la dynamique de croissance du PIB. Pour ce qui est de la demande extérieure, elle devrait être quasiment nulle en 2011 alors que sa contribution au PIB avait été de 1,9 % en 2010.
Et du côté de l’inflation, de la Caisse de compensation ?
Selon nos réflexions et nos travaux, l’inflation ne devrait pas dépasser 2,5 % en 2011 (0,8 % en 2010, selon le HCP), et ce malgré l’accentuation du renchérissement des cours du pétrole et des produits de base au niveau des marchés mondiaux. Les dépenses de compensation retenues pour l’année 2011 et la gestion de la politique monétaire devraient soutenir en grande partie des prix à la consommation sur le marché domestique.
Sur le plan des équilibres du cadre macroéconomique, qu’en sera-t-il ?
Le déficit budgétaire devrait se situer autour de 3,6 % du PIB en 2011 alors qu’il était de 4,2 %, en 2010. Quand au déficit des finances extérieures, qui avait enregistré un allègement en 2010 (2,7 % du PIB), il pourrait connaître à nouveau une augmentation et atteindre 3,6 % du PIB en 2011. Ce besoin de financement exprime l’écart entre l’épargne nationale – 32 % du PIB – et le taux d’investissement qui devrait se maintenir à un niveau élevé, soit 35,6 % du PIB.
Un mot sur l’environnement international ?
Les perspectives économiques publiées récemment par les institutions internationales confirment la reprise de la croissance économique mondiale amorcée en 2010 et consolidée en 2011 et 2012. Ainsi, la croissance mondiale devrait être de 4,1 % en 2011 et de 4,5 %, en 2012. S’il est vrai que les taux de croissance prévus pour 2011 et 2012 sont en retrait par rapport à 2010, il n’en reste pas moins que le niveau de croissance pour 2011 s’inscrit dans un sentier plus réaliste de la dynamique économique mondiale. Il faut rappeler que le taux de croissance 2010 est venu après la croissance 2009 et les effets de la crise. En outre, les facteurs temporaires qui ont stimulé la croissance, en 2010, devraient s’atténuer au fur et à mesure que les politiques publiques dédiées à la relance économique laisseront place aux mécanismes du marché.